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Titre du blog : Et si Amour me veut faire mourrir en aimant..
Auteur : thyrana
Date de création : 21-01-2006
 
posté le 26-01-2006 à 17:47:58

Chouette et Corbeaux

photo  Je pense à lui.

A cet ami qui est parti sans personne pour lui prendre par la main.

 

A cet homme qui a cherché un espoir dans sa vie alors qu'il n'y en avait plus.

 

A celui qui accorda à la fatalité de la vie plus de place que je ne pourrais certainement jamais réussir à lui donner.

 

Et, s'il est vrai qu'il est passé à l'acte, comprendre comment il a pu. Comment il a pu se retrouver ainsi, seul, en pleine capacité de son corps, de ses pensées, de son intelligence, avec une descendance, la certitude qu'il a existé, avec tout ce qu'un homme peut vouloir dans sa vie, sauf peut être un compte rebours vers l'inéluctable, et penser qu'il n'y avait plus rien à faire... à part contempler sa vie.

 

Je pense à cette bande de copain qui se réunissait chez nous au coin du feu, André, Arlette, Pierre, Charles, Henri, moi... même en tant qu'annexe... Chacun avec leurs difficultés, leurs soucis, leurs réussites, leurs faiblesses, chacun se plaignant, se réjouissant, se lamentant... et lui, parmi eux... comme eux...

 

Que nos souffrances actuelles sont futiles... j'ai envie de dire au monde... vivez ! vivez ! soyez heureux de vivre... cherchez à prendre la main de celui ou celle qui vous la tend... fermer les yeux et poursuivez votre chemin comme un rêve avec un ultime but.. votre but.

 

Six années se sont écoulées depuis mon entrée au lycée et je n'ai cessé depuis lors d'entendre parler de Mort. Différentes formules, toutes très appliquées, présentent le fait pour ne point vous froisser : "Assieds-toi, j'ai une mauvaise nouvelle", 'Tu sais, j'ai quelque chose à te dire", "Bon, ca va être terrible/difficile/hard mais...", chaque année, comme la lèpre, j'ai perdu mes membres...

 

Mon vrai grand père. Je n'ai jamais fait sa connaissance, pourtant je suis persuadé que ce fût quelqu'un d'extraordinaire à qui je dois beaucoup de mon caractère, de mon histoire, de mes traits et sur qui repose tout l'honneur que je voudrais donner à ma famille plus tard. Modestement et hônnetement, il a toujours su tirer son épingle du jeu et faire vivre sa famille dans le luxe comme dans la déchéance. Je n'ai pas bien compris son réel état d'esprit sauf qu'il ne parlait que rarement de politique et qu'il ne so'ccupait que des affaires graves qui pouvaient avoir des incidences profondes sur la société dans laquelle il vivait. Je ne parle pas de la société française... mais de la société européenne voire mondiale... il n'hésitait pas à voyager pour découvrir de nouveaux chevaux et de nouvelles courses à réaliser. D'après moi il n'a pas chercher à protéger plus que sa famille, il visait des modestes objectifs car il avait conscience comme moi aujourd'hui que l'on ne gère rien d'autres que sa propre vie, à sa propre échelle... peut être pensait-il comme cela, peut être... En tout cas, Il m'a donné la passion réelle pour le cheval et les règles de chevalerie en générales (même si ca n'a que peu à voir avec son métier). Un jour, j'en referais, je le promet. C'est à lui aujourd'hui que je dois m'excuser... ces dernières semaines, j'ai sacrifié mon honneur à la sincérité de mon coeur... Sans aucun résultat... pourtant, même sachant cela, si c'était à refaire... O fou, je le referais.

 

Ma grand mère, il y a si longtemps aujourd'hui, et nous nous voyons si peu, les dimanches parfois lorsqu'ils venaient à la maison, que de souvenirs pagnolesques ! je me souviens de la douceau de sa peau... de ses recommandations "Le mensonge ne profite pas à celui qui ment", "boire un verre de vin pendant le repas, c'est très bon pour la santé", Ce qui comptera, ce sera toujours ce que tu prouveras par toi-même au reste du monde", des véritables recettes de grand mère qu'elle nous confiait à ma soeur et à moi, de la manière de lire dans la ligne des mains, des questions posées aux cartes sur l'avenir (et qui s'avérait rarement fausses, quoiqu'on puisse en penser), de son goût pour l'interprétation des rêves. C'est en effet grâce à elle si j'ai lu tant et tant sur les élèments oniriques et que je me suis passionné d'abord pour Freud dans un premier temps, j'allais dire comme tout le monde, puis surtout pour Jung dans un deuxième temps. Elle est parti trop tôt mais m'a laissé le souvenir d'une mami et d'une tradition familiale dont je suis fier et je n'aurais pu rêver mieux.  

 

Mon grand père "adoptif", PApi comme on disait. Aucun sang commun, sauf l'esprit. Moi qui avait une vision sanguine de la notion de famille, j'avoue, après analyse, que ma vision du départ ne tient plus beaucoup. PApi m'a donné l'occasion de dire papi pendant mon enfance et d'avoir un vrai papi qui fasse des grimaces, qui fasse l'andouille toutes les deux minutes pour me faire rire, qui était fier de moi parcequ'il savait que j'allais suivre presque le même chemin que lui : il était instituteur en Afrique. Et puis il y avait ces longs instants où nous jouons aux cartes, à la Belotte, et où une fois sur deux il me laissait gagner pour pouvoir me donner 10 francs... comme tout les dimanches. Pendant nos parties, il me disait des blagues que seuls lui pouvaient sortir, même si elles étaient parfois disgracieuses ou même franchement graveleuses, il me prenait, du haut de mes 10-11-12-13ans pour un adulte... moi qui ne demandait que ca quand on me parlait en gamin... C'est l'exemple même de l'homme qui ne prend rien au sérieux, ni son corps, ni la vie, ni les hommes, les autres... je suis un peu dur, c'est vrai, mais je crois qu'il y a une grande part de réalité là dedans. C'était pas quelqu'un de méchant mais d'une autre époque. Je crois que, hélas pour mon entourage, j'ai quelque part inscrit certaines caractèristiques de ces époques passées dans ma vision et mon interprétation du monde... en les édulcorant à ma facon.

 

C'est ensuite par les Bourdi que nous viendra l'annonce d'une malheureuse nouvelle... la mine en décomposition, Thierry frappe à notre porte : Alain, le père bourdi, qui avait toujours le sourire aux lèvres et le visage détendu, est mort. On reste là à savoir comment ca se fait, pourquoi, combien de temps... une après-midi de discution... mes deux soeurs, moi, mon père, Thierry. En cet instant, j'ai eu honte, j'avoue, de ne pas être fondamentalement touché par l'évènement. Pourtant, il était adorable Alain. Il était associé à mes escapades, seul, quand je fuyais de chez ma mère avec mon père, dans les quartiers de villas sur les versants des collines, pas loin de là où j'habite actuellement. C'est là où j'arrivais parfois à retrouver mon chemin et que, tout en me paumant (l'origine de mon sens de l'orientation aigû vient sûrement de là), j'arrivais chez eux. Nous passions des après midi entières à discuter et là encore, on me prenait pour un adulte, on me posait des questions autre que "C'est bon ?" quand nous étions à table... il m'avait montré ce qu'il produisait en miniature : des trains et des paysages de campagnes françaises avec une précision... une passion et une minutie que j'ai admiré... mais Alain est parti, encore un...

 

Vient alors Claude... bon, j'avoue... il n'a jamais fait parti de mon entourage immédiat, je l'ai vu maximum cinq fois dans ma vie et ces fois là il était avec des lunettes noires ou un journal. La seule fois où je lui ai parlé... ah non les deux fois où je lui ai parlé, il m'a accordé le son de sa voix par un fabuleux "hmm.. hmm.." et à la question : "Alors, on est bien chez papa ?", il m'a juste laché sans sourciller, "Très bien" ou quelque chose de lapidaire dans le même genre. J'ai longtemps considéré que cet air de faux agents secrets 24/24 même quand tu vas chercher ton pain ou que tu es avec le fils de ton meilleur ami était profondemment ridicule... quand j'ai su qu'il était embarqué dans une histoire d'Etat dont lui même n'a pas voulu nous révéler toute l'affaire et qu'il était en danger de mort, j'ai d'abord cru à un vieux film de gangster des années 40... et puis... bon... à la suite d'un certain nombre de témoignage glanée ici ou là par quelques techniques malhonnêtes (ca rapporte de savoir faire celui qui dort parfois) et vu le pognon dont il disposait... je me suis dit... pourquoi pas.. Après je l'ai vu quelques fois sous AIM... nous nous parlions quelques fois mais soit il n'avait pas compris le principe de la messagerie instantanée, soit il n'avait pas envie d'échanger des paroles sur le net de peur encore d'être épier... (Avec lui à la fin je m'attendais à tout...) parceque à chaque fois il écrivait dans la messagerie d'AIM comme s'il envoyait un mail avec formule de politesse, signature etc... et puis il répondait plus ou deux trois, maximum comme s'il avait un quota de mot à respecter. A son contact, j'ai appris à ne pas faire paraître ce que je ressentais mais, comme je suis un peu trop expressif pour cela, j'ai adapté ca en montrant quelque chose que je ne ressens pas et inversement.

 

La Grande Dame suivante, je n'en parlerais pas ici, je ne sais pas si j'en parlerais, ou si je saurais trouver les mots pour en parler. On ne peut et je ne veux pas, la lister à la même hauteur que les autres, car jusqu'à la fin elle ne l'a pas été. Elle a toujours été au-dessus, à mille lieu.

 

Maurice, certes c'est anecdotique à mon niveau, nous a fait part de sa douleur face à la perte de sa nièce et des deux autres qui sont entre la vie et la mort... accident de voiture... encore des morts... pour rien cette fois... sans avoir vécu... sans avoir vu tout ce qu'on peut offrir, sans avoir pu tout offrir au monde... cette personne est partie, sa famille est sans âme... comment pourrait-on vouloir s'ôter la vie en voyant tout cela ?

 

Aujourd'hui notre Dédé national. Je ne le connaissais que depuis quatre ans mais quel monsieur... quel monsieur... Je crois, à son contact, avoir appris à vivre pleinement ma passion quand elle vient et selon ce que je ressens au moment où elle vient... A travers tout les secrets de l'humanité auxquelles il s'est attaché à définir la véritable source, à découvrir les mystères... ne cherchait-il pas en fait, comme beaucoup d'homme connaissant la Mort, le secret de la vie ?