Il est des instants qui nous paraissent lointain et irréel. Nous avons du mal à nous dire non seulement qu'ils ont existé, mais surtout qu'ils furent si important à nos yeux. Cela nous parait tellement anecdotique lorsqu'on voit l'ensemble du chemin qu'on a parcouru depuis lors.
Des personnes passent ainsi, on leur parle, on s'échange quelques mots... ca va loin... là où l'on ne contrôle plus. Alors on se laisse guider... et on en vient parfois à écrire des choses... des mots qui naissent en nous sans qu'on ne les attendent... des sensations, une perception nouvelle des objets, de l'objet qui nous a percuté. Nos écrits nous semblent vivants et il nous révèle ce que nous ne voulons point dire, point penser, point vivre.
Souvenir d'un rire, d'une voix, d'un sourire, d'échange et de larme... Ces moments resteront toujours profondemment encrés en nous, même s'ils nous semblent incohérents... inutiles... flous... aujourd'hui.
J'ai hélas perdu l'ensemble de ma correspondance. Il m'en reste quelques mots ici et là, quelques poèsies, que je trouve parfois maladroite, mais, je le redis, je me décide aujourd'hui à ne point les retravailler... je ne voudrais en rien froisser la sincérité de ces instants. Ce poème, accouché, a beau posséder des facettes qui ne me conviennent plus à mon présent... il reste le miroir entier d'un passé très lointain.
Je dirais donc seulement merci.
Merci à celle que je ne re-verrais sûrement plus.
Chère ange,
Plus de nouvelles, la contrainte du temps,
Et, éternelle contrainte de l'amant,
Je vous écris de même, en attendant
Que vous retrouviez par mon coeur
Les pensées d'antan
Qui brisaient nos frontières
Et nos corps s'enlaçant,
Eclataient les barrières
De nos corps fixes, et du moment.
Arpentant mes pensées,
Je retrouve ce serment
Figé comme le marbre
Erigé sur mes lèvres
Vos rires comme des chants
Répondant à mes fièvres
Dans les plus grands tourments
Vous êtes sujet des rêves
Qui m'ont parlé longtemps
D’un homme bientôt orfèvre
Et d'une femme toujours diamant.
Yeux sans les yeux
Retenus jusqu'au coeur
Main sans la main
Allié dans les sens
Lettre par lettre,
Il m'appelle, agissant,
Tantôt en berceuse
Tantôt haranguant
Ne faisons pas semblant
Vous aimez comme j'aime
Si doux, passionnément.
Ces paroles dictent ma vie
Ces souvenirs disent la Vie
Que j'ai pu espérer, un moment...
Le puis-je encore, amour ?
Dès lors que nos instants s'épuisent...
Dès lors que notre amour s’enlise...
Dès lors que nos yeux ne lisent...
Plus jamais notre présence...
Plus jamais notre essence...
Le puis-je encore, amour,
Quand nous sommes loin de nous ?
Pourrais-je le croire, amour,
Douce clarté de cette nuit,
Quand vous me répondrez,
J’attends, et j’ouïe.
J'envoie missive au sort
Qui pourra décider
Seul maître de ce port
Il m'aura ordonné
De désigner l'amour
Et je lui ai montré
Que désigner est court,
Il fallait déclamer.
Commentaires
Même s'il ne te convient plus, ce poème reste tout de même magnifique. Bravo :}