Scène dans un hopital psychiatrique entre un Schizophrène et son Docteur :
- Pendant des années on a dit que la folie, c'est de ne pas avoir de Raison. C'est faux. Cet homme -il désigne un patient qui se bat tout seul dans le vide contre un adversaire invisible- est aussi raisonné que vous ou moi. On ne voit pas sa raison. On ne voit pas l'adversaire invisible... qui l'enrage. Mais lui, il le voit.
Extrait du film Un Homme d'Exception.
Raison, pensée, folie, réalité, imaginaire, illusion, esprit. Les structures mentales sont si complexes et le résultat empirique en est pourtant si simple. Car le réel est un résultat... Il est froid, simple, direct. Nous y participons tous sans pour autant y avoir pleinement accès.
Et pourtant, il n'est pas qu'une simple incidence. Il est un constat. C'est par lui que nous montrons les décisions que nous avons prises en fonction des actions que nous voyons de l'extérieur et qui sont eux-mêmes les résultats d'autres combinaisons réalisées indépendemment par des esprits différents de nous.
Ainsi sera du "Fou" qui voit quelqu'un que nous, "gens normaux", nous ne voyons pas... ainsi sera l'étranger qui ne comprend pas pourquoi on s'extasie devant certaines choses de son pays... ainsi sera le suicidé meurtri par la perte d'une réalité qu'il n'a pu voir changer...
Il y a des normes de société, des normes économiques, des règles, des structures fixes ou que l'on voudrait fixe... il y a également des normes psychologiques sur notre conception du réel. Sans parler de la véritable folie, sur laquelle je ne m'avancerais pas, nous sommes tous acteurs et auteurs de la réalité, définissons ainsi des règles, des normes que nous nommons la normalité et nous participons tous à cette grande illusion collective.
Ou plutôt que nous ne nommons pas. Car la norme ne se nomme pas, elle se définit négativement : quelque chose ne doit être fait car ce n'est pas normal, quelqu'un doit être remis sur le rail, car il n'est pas normal, nous sommes normaux lorsque nous ne nous faisons pas remarquer, lorsque nous ne sommes pas au yeux du monde qui devient notre monde. Or, profondemment, nous sommes nous demander si c'est bien le nôtre ?
"On ne voit pas sa Raison", voilà la phrase qui frappe dans le message du docteur. On ne voit pas la Raison d'autrui. C'est à dire qu'on ne pourra jamais, même après moult discussions, saisir l'ensemble des mécanismes biologiques, historiques, affectifs et humains qui le pénétre lorsqu'il nous répond, nous parle, nous raconte ou même se présente simplement à nous.
On ne pourra jamais connaître l'ensemble de ces fonctions, en effet, mais est-ce pour autant que nous ne devrions pas chercher à comprendre sa perception et ses sensations ? Les gens qui, pour quelques évènements qui soit, sont déstabilisés par le réel, perdent leur équilibre mental, et donc souvent biologique, se retrouvent sans armes, dans un univers désormais hostiles. La réalité est alors un jeu collectif et répond à des systèmes de pensées et de vie propre à la sensibilité de chaque être qui compose un groupe.