Comprend-on parfois combien un instant, une action délivrée en deux, trois secondes peut changer tout une vie ? Ce poème, plus récent que le précédent, est encore trop court pour délivrer la réponse à cette question...
Drame, je vous aime.
C’était un coin de lèvres
Où coulait un baiser,
Au fin fond d’une grève,
Il s’était abrité.
Courez, courez, courez !
Doux enfants vertueux,
Vous le capturerez…
Et vous serez heureux.
Mais gare à sa peau
Si elle vient à toucher,
Vos jours loin du berceau
En seront fort lésés.
C’est au contraire là,
Que vous serez jugé,
En cet instant sera
Le choix ; votre passé.
Riez bien mes enfants,
Tant que vous poursuivez,
Tel l’aveugle troupeau,
Son lit fort débordé.
Chaque pas vous porte
Plus près de l’objectif,
La raison exhorte…
Vous allez, Naïf.
Courir hors du chemin
Mène aux précipices.
Hormis dans cette main,
Où l’Amour s’immisce.
C’était un coin de lèvre
Où s’était réfugié
Le temps, comme trêve,
A l’instant, arrêté.
Ta main frôle,
Adolescent chétif,
L’esquisse d’un lieu
A deux, à Dieu, hâtif.
Elle le veut, c’est certain,
Désire et t’emporte
Dans des rêves communs
Tu la vois déjà morte.
Tu vas, bien décidé,
Au côté de ta proie,
Elle saura te chasser,
Tu le sais mais ta Foy
T’interdis de douter,
Maintenant point de choix,
Vivre, c’est aimer.
Tu t’es juré patience
Pour comprendre ton aimée,
Quitte à la distance,
Tu te pensais liés.
C’est à la naissance
Où tu as tant pleuré,
Que tu dois son silence
Aujourd’hui illustré.
Parfum de confiance,
Point de mot, point de règles,
A briser la faïence,
On doit les yeux de l’aigle.
C’était un coin de lèvre
Où tout nous promettait,
La Passion comme Sève
Au fil de ton épée.
L’instant donc est charmant :
Il dévoile l’union
Des éternels amants,
De deux cœurs en fusion.
D’un rêve éveillé
Comprends l’âpre malheur,
De se voir aimé et
De ne l’être sur l’heure.
Toucher te la montre,
Sous un nouveau visage,
Mais en luttant contre,
T’aperçois le mirage.
Car par contre-courant,
Tu voulais observer,
Dans cette vie d’antan,
Combien mirage mentait.
Il te fait approcher
Au centre du marée…
Cours ! Cours ! Etre aimé !
Jusqu’à y perdre pied !
Il coule le charmant,
La main toujours tendue,
Ivre comme mendiant,
Maintenant dévêtu,
Evidé, inconscient,
Il aura attendu.
Le mensonge grossit…
Révèle ses formes….
Perds-y même ta vie
Ou attends-y l’orme.
L’arbre voguant vers toi
Econduit par ta maîtresse
Portera votre loi
Ou à jamais ta détresse.
L’adulte prend au col
L’enfant ensommeillé
L’étouffe, esprit fol,
L’enserre, déraisonné.
C’est dans ce coin de lèvre
Que tu l’as embrassé
L’amour comme une grève,
A jamais enfermé.
L’Enfer a ses charmes
Et l’Eden ses foudres,
Aimer est un Drame,
La passion, une poudre.