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Titre du blog : Et si Amour me veut faire mourrir en aimant..
Auteur : thyrana
Date de création : 21-01-2006
 
posté le 17-02-2006 à 22:51:41

Fidèle héritier.

Voilà que se termine pour moi une longue et tenante semaine de travail sur mon sujet d'histoire contemporaine.

Je n'aurais jamais pensé terminé à temps surtout avec la masse de travail que j'avais prévu et accompli. Pourtant, non seulement j'ai pu trouver les articles qu'il me fallait, lire les sources du Général, me déplacer pour utiliser le SHAT, recueillir le témoignage d'un ami à moi qui a réalisé plusieurs études notamment sur la Seconde Guerre Mondiale, trouver trois rapports d'instuctions sur l'emploi des armes blindés pendant l'Entre-deux-guerre et... rédiger l'ensemble de mes analyses.

Le résultat fît 5 copies doubles, un plan en trois parties avec quatre sous parties, 20 pages, plus la bibliographie.

Le prof était ravi.

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J'ai tout de même dû passer à l'oral, chose qui n'était pas prévu, puisque j'avais tout rédigé. Je pensais qu'il me fallait juste présenter mon travail... comme il était prévu, 5 minutes... J'ai tenu 30 minutes dans un oral d'un type assez spécial.

J'avais l'impression d'être incollable. Alors que, bien sûr, je l'étais aisément... mais pour le coup, je n'ai pas été collé, et, du reste, j'ai même appris des choses au prof.

 

Je suis satisfait en fait de ce travail car au delà du sujet, j'avais un projet  personnel : celui de comprendre qu'elle était ce personnage mythifié de l'Après-guerre, mais.. avant la guerre. C'est-à-dire, possédait-il déjà en lui les germes de sa grandeur avant la guerre. Cela permet également de mener tout une reflexion sur la défaite de 1940 et les rumeurs qui circulent, ainsi que sur ce qu'on nous apprend à l'école.

 

La France a perdu la guerre à cause de ces officiers dépassés, de son matériel suranné, de sa trop grande confiance en la ligne maginot...

Les seules grandes victoires menées pendant cette campagne de France sont celles menées par De Gaulle.

Les chars allemands étaient invincible et l'ensemble de l'Europe ne possédait encore que des techniques de cavalerie digne de 1914-1918. 

 

Voilà en grande partie ce qui est entendu dans la défaite de 1940. Hors, quand on étudie la conception militaire du colonel De gaulle, le problème de la défaite ne se trouve pas vraiment là.

 

D'abord sur la pologne, on se moque d'eux en pensant qu'ils ont chargé héroïquement contre les panzers... certes. Cependant, on oublit qu'il s'est trouvé également des charges de cavalerie glorieuse en France contre l'avancée des panzers dans les campagnes reculées de Champagne et on a reproduit cela lors de certaines actes de résistances en 1944. le problème n'est pas d'utiliser des armes inadaptés mais des tactiques désuées ou qui se complétent avec celle de l'adversaire.

 

Ensuite concernant le matériel francais. Ne faisons pas cocorico, mais le développeur des unités de chars restent Jean Baptiste Estienne, inspecteur général de l'artillerie d'Assaut (nom donné à l'arme blindé en 1917), pour qui De Gaulle avait beaucoup d'admiration. Il s'en inspirera pour construire ses théories. De même, son homologue allemand, Heinz Guderian. Les développeurs industrielles, Schneider, Renault et les autres ont intensifié leurs travaux en 37-40 pour produire des chars de toute beauté, deux fois plus puissants que les panzers, avec un blindage également deux fois plus important... cependant ils étaient adapté, et c'est là pour où l'intervention de la réféence à 14-18 est pertinente,  pour une guerre de tranchée dans laquelle le char a pour but d'accompagner l'infanterie et de briser les barbelés et de franchir les fossés. N'oublions pas Fuller et Liddell Hart, deux grands observateurs du fait blindé et premiers utilisateurs de l'Arme sur le champs de bataille dès 1915 pour Fuller (un personnage remarquable, totalement mystique et paranoïaque du reste, je ferais sûrement un autre topic la dessus).

 

Le problème s'éclaire un peu plus : une utilisation inadaptée, une production trop tardif, des adversaires qui ne restent pas au même endroit très longtemps... Les tentatives de De gaulle pour prévenir cette débacle auprès des politiciens socialistes de l'époque (obnubilés par l'idéal de pacifisme et de la terreur de 14-18) se concluent toutes par des échecs retentissants avant 1940.... en Allemagne, Guderian obtient, lui, l'appui d'Adolf Hitler dès 1933.

 

De Gaulle, malgrè ce que l'on peut dire, n'a pas réellement obtenu de victoires particulières sur le terrain. Dans la bataille de Montcornet, le 14 mai 1940, il comprit par exemple, combien il s'était trompé sur l'utilisation de l'aviation. Lui-même la voyait comme un outil de reconnaissance efficace, un oeil de l'armée de terre. Les Allemands insistèrent sur l'aviation dîtes d'assaut et notamment les chasseurs-bombardiers Stukas. De plus, lorsqu'on parle de victoire, il faut quand même s'attarder un peu sur ces deux batailles : l'une où la 4 ème DCR n'arrive pas à reprendre un petit bourg mal défendu nommé Crécy-sur-Serre (en plus, il se perdent en cours de route, croyant voir Montcornet, il se font surprendre par des flags à La-Ville-sur-Bois, lun des nombreux villages dont je ne connaissais pas, et eux non plus d'ailleurs, l'existance et perdent quelques chars enfin bref...) mais le but initial étant juste de retardé l'adversaire une journée pour permettre à la 6ème armée du général Touchon de se reconstituer, quand on sait ce qu'ils avait devant eux (trois divisions blindés), il faut se dire que De gaulle est arrivé non seulement à retarder l'ennemi mais il est aussi arrivé à se replier avec sa Division. C'est dans ce repli d'ailleurs, qu'il comprend l'importance de l'aviation qui pillona ses chars pendant près d'une heure.

 

La bataille d'Abbeville, le 28 mai 1940 quant à elle, épuise plus la 4ème DC qu'elle n'arrive à prendre le Mont Caubert, objectif principal. Malgrè l'avancée fulgurante des troupes françaises couvertes par des chasseurs anglais et français, a permis de réduire les forces de l'artillerie allemande jusqu'au 1/3 des effectifs... fidèles à ses idées, De gaulle souhaite poursuivre l'offensive coût que coût, mais le général en chef des forces blindés, conscient des pertes catastrophiques des premiers assauts, ne le suit pas et le somme de se replier.

Il est vrai que, les chiffres avancées par le SHAT lors de cette bataille sont impressionnants : le 31 mai, la 4ème DC était réduite à une vingtaine de char B ou Somua, restant 302 hommes dans le 4ème bataillon de chasseurs et 1089 dans la 22ème RIC. Alors, était-ce un De gaulle suicidaire ou un De gaulle déjà empreint d'un héroïsme glorieux que seul son amour du devoir pouvait égaler ?  

Il semble toutefois que, hormis ces bévus, De Gaulle avait déjà beaucoup de l'homme du 18 juin avant même le début de la guerre et les seules erreurs à son actif furent rectifiées par lui-même dès l'après-guerre. Les critiques réalisées à son égard dans Réplique à l'Amiral de Gaulle qui placent le fils de Gaulle en falsificateur des données historiques, même si je ne me penche ici que sur l'aspect purement militaire discuté par Jean-Robert Gorce, sont un peu rapides et faciles. Le manque de nuances casse le ton de l'analyse historique (et pour un ouvrage réalisé par 9 historiens combinés... c'est embêtant) et dévoile presque une volontée publicitaire de casser systématiquement le mythe de De Gaulle pour faire vendre, pour créer une rupture dans l'historiographie... on nous enseigne qu'en France, c'est l'historien qui fait l'identité nationale, je ne vois pas à quoi servent ces neuf-ci si c'est pour la détruire.  

D'autant qu'ils ont, pour la plupart, peu chercher à comprendre le personnage, sa pensée et son oeuvre. De Gaulle, mégalo ? utopiste ? nombriliste ? "faux prophète" ? Peut être, s'il convient à certain de le prouver. Personnellement, j'ai envie de dire, heureusement car sans tout cela, il n'aurait pas sauver et la France, et les Français.

 

Car, reprenant un pari réalisé par un de mes confrères belges, "Et si Rome n'avait pas été prise par les barbares ?", je serais bien en peine de savoir ce qui serait arrivé de la France sans l'action du Général de Gaulle en posant la question suivante : "Et si le Colonel de gaulle était tombé dans la Bataille de France ?"

La France n'aurait sans doute pas été convié aux accords de capitulation avec l'Allemagne, se serait retrouvés au ban de l'ONU et de l'OTAN comme les puissances européennes de second ordre (Danemark, Espagne, Portugal, Belgique etc..), la construction européenne elle-même n'aurait pas pris le même chemin, ni la même vitesse. La France se serait retrouvée sous une tutelle certaine des alliés, avec un gouvernement composé par quelques anciens politiciens de la III République, sous le regard permanent des Etats-Unis et de l'Angleterre. Que dire même de la guerre d'Algérie, de la création de la Vème République, de sa position face aux Etats-Unis dans la guerre froide, de son idée "d'Indépendance Francaise" etc.

 

photo Que dire encore du rapprochement franco-quebecois, nos cousins de toujours, sans lui. Sa fameuse phrase : "Vive Montréal, Vive le Quebec... Vive le Quebec Libre !" qui fît s'insurger les anglo-saxons et qui ravi les francophones rappella en un instant l'origine et le lien d'honneur qui soutendront à toujours les francais et les quebecois. En un instant, c'était Cartier, Champlain, Maisonneuve, Frontenac et Talon qui surgissait de la honte de l'ancien empire francais pour résister, une fois de plus, contre un nouvel envahisseur.

Son discours contenait d'autres clins d'œil particulièrement odieux pour les anglo-saxons : « Mais après tout, on se sent chez soi, ici », « Je vais vous confier un petit secret que vous ne répéterez à personne : sur mon chemin, j'ai vu une atmosphère qui m'a rappelé celle de la Libération », mais de Gaulle, homme de caractère et d'histoire, sait affirmer son rôle, au delà même de sa mission d'origine qui était un simple visible d'Etat.

Et il aura une phrase de conclusion à un journaliste anglo-saxon qui lui parlera de scandale diplomatique et mentionnera les demandes d'excuses du lord gouverneur d'Ottawa : "Allons, allons, pour eux aussi, il faut que la France soit la France !"  

 

Non, De gaulle est un des personnages qui a contribué par envie et par honneur à son idée de la France qu'il résume comme la mère nourricière des civilisations qui a toujours eu la première place et qui n'est à sa place que quand elle tient le premier rang (en substance, je ne retrouve plus la phrase exact).

Pour l'affaire du Quebec, comme pour l'ensemble de son action politique, il confiera ceci : "Ce que j'ai fait, je devais le faire".