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Titre du blog : Et si Amour me veut faire mourrir en aimant..
Auteur : thyrana
Date de création : 21-01-2006
 
posté le 09-06-2008 à 03:41:21

"... et nous nous en vantons !"

Quelle pénible impression de se voir dans les yeux d'un endormi.

 

La première conférence de ma vie me laisse un sentiment amère. Ai-je été pris au sérieux ? Avais-je réellement le profil de ce que ces personnes attendaient ? était-ce là où j'aurais dû faire mes débuts ?

Il faut dire que la scène était coquasse: Imaginons, une salle, assez équipée pour accueillir le cirque du soleil, Pinder, la Compagnie des Saltimbanques, la Comédie-Française et 14 régiments de tsiganes et qui reçoit cependant juste assez de personnes pour payer l'apéritif de midi. Pour les présents en tout cas, il est évident qu'il s'attendait, eux, à accueillir, sinon les tsiganes, au moins des clowns, des jongleurs et des acrobates. Sur ce point, et en omettant les déguisements -un peu de tenue tout de même- ils n'ont pas été déçu. Combien étions-nous ? Peu. Mais est-ce cela le plus important ? Pour l'organisateur, oui, pour les personnes qui m'accompagnaient, non, pour moi.... Je ne sais trop.

 

Deux zouaves de la mairie produisent un discours stupide, creux et insensé sur le plaisir d'ouvrir cette conférence blablabla... que, en tant que premier représentant de la République, ils la pourront défendre si elle est attaquée hahahaha... et au bout de 7 minutes du premier intervenant... voilà nos fiers députés du tiers qui tirent le bicorne-bas, lève la corcarde et ouvre la porte de sortie.

"Heureux de vous avoir rencontré, votez pour moi."

 

Il faut dire que la journée avait tout pour être d'attractive: 10h, ouverture sur les propos d'une personnalité croûlante à peine capable de rester debout qui rappelait l'invention de la guillotine avec humour, mélancolie et nostalgie, 11h30, le récit animé mais fort peu innovant d'une bataille de Waterloo que l'on aurait cru être une victoire française de peu, 14h30, le récit complaisant d'une aristocrate du XIXe siècle fait par une descendante pour qui le seul intérêt du carrefour résidait dans un débat contradictoire et récusateur, 15h30, description d'une résidence impériale ou comment visiter la loge des riches depuis son fauteuil et sans télévision, 16h. à moi, 17h, un récit rébarbatif et horriblement engagé sur le bonapartisme depuis Napoléon 1er qui n'allait pas sans quelques parallélismes subtils avec la politique sarkozienne et ponctuait par quelques traits qui, se voulant ironiques, se disaient humouristiques à la manière d'un Molière mais en ayant emprûnter que le prénom...

 

Alors, lorsque que vint mon tour, j'avoue avoir ressenti un certain entrain, une joie, une fierté peut être.... qui fût de très courte durée. bientôt la panique prit le pas, j'étais incapable de manipuler le laser acheté et incapable de lire mes notes. D'autant que la salle, au demeurant toujours aussi vaste, se remplissait légèrement à mesure qu'avancer mon discours, comme gonflé par quelques molécules d'oxygènes extérieures. Une question me venait souvent à l'esprit: mais qu'est-ce qu'ils foutent là, à 16h, alors que le Carrefour est pratiquement finie, et que je suis complétement perdue ? Serait-ce quelques mendiants en mal de logement ? impossible, l'entrée est à deux euros. Des sans-amis ? Peut être, beaucoup s'installent à des endroits diamétralement opposés comme si le contact humain signifiait la Mort Ultime, la déchéance ou la Peste bubonique. Des retraités ? hmmm... vue l'état comatique du vieux (pardon du professeur renommé) de ce matin au premier rang, ils doivent tous être en léthargie. J'en viens à la conclusion que c'était certainement des bourgeois qui n'aiment ni la pluie, ni Valence... Ormis mon affection pour la pluie, je dois bien avouer être solidaire avec eux...

 

Dans toutes ces méprises, un mot vînt à mon esprit: Soit ! N'ayons pas l'air de capituler. Je décidais de me concentrer sur mon support, les images, les représentations de cette homme qui me guida une nouvelle fois dans cette heure sombre. 

Je regardais trois fois le public: le côté gauche me déprime: le vieux dort, les gens me regardent comme si je parlais tchèque, le côté droit... est désert, le centre groupait mes amis et mon paternel, derrière la lumière du rétro-projecteur qui me placait dans le rôle des autrichiens à la bataille d'Austerlitz. J'y renoncais. Ce n'est pas cela qui m'orripilait. 

Le président de séance jacassait pendant que je parlais, juste à côté de moi, et regardait de temps à autre mes images pour les commenter de son côté avec la comtesse.......... je me demandais bien à quoi je servais tout à coup.

Boh... j'ai tout de même eu le loisir de choquer cette dernière avec mes remarques sexistes sur le rôle de l'Impératrice secondaire dans la famille impériale... qui n'a pas manqué de la faire trépigner. Il y eut alors le pompon: j'ai dû écourter car le temps pressait et il fallait que la dernière personne passe. J'ai tout de même conclue sur l'idée qui m'intéressait et mon exposé avait suivi une logique, en tout cas, c'est ce qui me semblait. 

 

Les gens avaient tout de même l'air intéressé mais, a part une langue de couleur âcre qui pendait de temps à autre, je n'ai pas vraiment vu de lueurs d'intelligences (notons le pluriel, vue l'insistance de mes recherches) dans leurs yeux, pourtant j'ai longtemps scruté... comprenait-il ce que je disais ? Disais-je vraiment quelque chose ou n'était-ce que des bruits dissolus dans l'atmopshère de la salle tel le fracas d'un tunnel sous-marin qui n'aurait pour impact terrestre que la bulle de l'ignorance ? je doute... est-ce compréhensible ? lorsqu'on voit la qualité des autres interventions qui, elles, c'est certains, n'ont pas eu beaucoup de mal pour être saisi du premier coup d'oreille, on peut en douter... Il n'y avait là que peu d'historien de métier, c'est dommageable, et la seule universitaire est professeur de lettres, les autres n'atteignent pas ces niveaux, c'est très dommageable quand on veut parler d'histoire. 

Peut être aurais-je dû faire cela plus drôle ? plus attractif ? plus distrayant ? plus arrangeant ? peut-être auraient-ils dû aller voir une pièce de théatre ? Peut être est-ce moi qui rumine...

Enfin, personnellement je ne retire de ces quelques prouesses oratoires que la réflexion suivante: les gens ont-ils vraiment envie d'entendre parler d'Histoire ou ont-ils juste envie d'entendre une histoire ?