Sortir des examens est toujours un moment bien étrange.
Nous sommes à la fois libre et sans emploi. Beaucoup soulignent la liberté : "qu'est-ce que tu vas faire pendant les vacances ?", "je vais faire cela, cela", "je vais aller là, là", "je vais pouvoir...". Personnellement, je perçois évidemment cette dimension mais, après le sursaut de joie et d'adrénaline qui prévaut à la fin d'un examen, je reste plus perplexe et moins tranché.
On va pouvoir faire ce que l'on veut, mais que veut-on ? où aller pour profiter au maximum de ce temps qui nous ai imparti ? Je n'ai toujours pas la réponse.
Ce qui m'a frappé durant ces examens, ce sont les brouillons. On a trois heures pour composer et ils y en a qui prennent le temps de faire du brouillon. Alors, on se précipite sur les feuilles vertes et rouges en se disant qu'il faut en prendre le plus possible. Chaque table se retrouve avec six, voire huit à dix copies de brouillon !! dans les environs de 2heures, les feuilles sont couvertes d'écritures anarchiques, et on redemande du brouillon de manière quasi-obsessionnelle... et la feuille de copie à rendre, elle, reste vide.
BROUILLON, BROUILLON, BROUILLON, des brouillons de partout. Tellement de brouillons qu'on se demande si le brouillon n'est pas la copie à rendre et la copie, le chiffon sans importance.
Bon, je ne parle pas des étudiants qui se servent des brouillons pour écrire des pompes au dos, en se mettant au fond de la classe et qui pensent qu'on ne les voit pas... "plus c'est gros et mieux ca passe" disait un célèbre homme politique... ne soyons pas hypocrite, j'en ai fait l'expérience, et le pire, c'est que ca marche...
Le brouillon devient le centre de tout examen... on commence sur le brouillon, on réflechit sur le brouillon, on poursuit sur le brouillon,au dos du brouillon, sur tout le brouillon !!! Certes, tout le monde a sa technique mais tout de même.. être obligé de faire un brouillon propre pour pouvoir recopier le devoir sur sa copie... même si on est rodé... on aura beau m'expliquer ce que l'on voudra, le problème n'est pas le temps... mais le principe : c'est grotesque.
Et après le brouillon, le recopiage est délicat, la langue limite sortie, la main légèrement frétillante, tout fier de ce qu'on a trouvé, on espère avoir terminé le recopiage avant la fin de l'examen... et l'heure tourne... et les brouillons aussi...
Puis on ferme bruyamment son stylo avec un grand soupir de soulagement pour bien montrer que, NOUS, on a fini, pour que tout le monde l'entende, pendant que d'autres veulent terminer... mais est-ce vraiment important...
Vient alors le moment de ranger ses affaires avec précipitation alignant ainsi un nombre impressionnant de nuisances publiques : pendant que la trousse se referme en gémissant, la chaise crisse vers l'arrière, le sac, la veste se battent pour savoir qui va hurler le plus... l'étudiant sort de son rang... encore un soupir, ses pas, de plus en plus pressants vers la sortie, les petits mots échangés avec le prof avant de sortir de la salle... en claquant la porte.
Et cela dans les dix-vingt minutes de la fin de l'examen, et cela, pour chacune des 2-3 voire 4 personnes qui se lèvent en même temps, à parfois deux minutes d'intervalles... formant ainsi un Hymne vertueux... celui de la déconcentration égoïstement installée pour conforter ceux qui ont fini au dénie des autres.
Voilà au sortir des examens chacun qui se retrouvent pour savoir "combien tu as eu"... question capitale n'est-ce pas ? Oui, pour sa petite gloire personnelle.. question capitale.. pour savoir quel est son rang face à autrui... quelle est sa valeur... pour cela, des gens, qui pendant trois mois ne se sont pas regarder, commencent à se parler et à échanger quelques sourires réservés... puis s'ignoreront après les vacances quand tout recommencera... Non, nous n'avons pas évoluer depuis 2000ans.
Brouillon, égoïsme, hypocrisie forment le triumvirat de la vie estudiantine lors des examens...