Quelle étrange impression que de comprendre sa position dans le monde. Un jour on se croit entouré, un autre jour, on est isolé, le jour d'après, on est mort.
Se rend-on bien compte de ce que nous vivons lorsque nous sommes heureux ? N'avons-nous pas cette inéluctable impression qu'il n'y aura pas de fin au bonheur ? Peut être.
Tout à coup, tout semble logique, tout s'emboite immanquablement. Si ceci se passe ainsi, c'est parcequ'il y eut ceci, ceci, cela et ceci. Je suis alors peut être comme ça. Je pense qu'il y a un ordre dans les choses qui veut que le monde soit formé par deux sortes de personnes : ceux qui reçoivent et ceux qui donnent. Au premier sera donné la joie, l'inconscience, la naïveté, la méchanceté, l'âpreté, la parole, la confusion ; au second sera donné l'intelligence, le silence, la tristesse, la tendresse, l'écoute et la délicatesse. Toute personne a son tampon. Personne ne peut changer.Il existe deux versions de l'être humain, décliné en bien, décliné en mal. Construit sous les rayons du bonheur, ou ceux de la tristesse.
Le problème c'est qu'ils sont amenés à vivre ensemble. Les uns font souffrir les autres mais sans relation de cause-effet, rien est conscience... c'est une combinaison instinctive, quasiment mathématique. Certains vont vers les autres. D'autres se retranchent au plus près du miroir.
Certains savent ce que c'est qu'aller vers l'autre pour lui-même, et non pour satisfaire un besoin social. Ca ne sert à rien de produire des amitiés stériles... des bagages que l'on ressort lorsqu'on a besoin d'un réseau. Il faut aller vers l'autre pour lui. S'ouvrir à ses émotions, ses motivations, sa logique. Certains savent le faire et le font. D'autres se construisent par les autres et attendent que des gens honnêtes viennent vers eux. On apprend rien des gens honnêtes, on ne fait que pomper de l'honnêteté à bon prix mais les premiers ne retiennent de cette honnêteté qu'une garanti pour eux-même, une manière de se soulager, de toucher du doigt quelque chose qu'ils n'auront jamais.
Il s'agit du jour le plus triste de ma vie. Un jour où l'on fait le point. Un jour avant d'autres qui seront pires. Un jour sans monde, un jour vide. Le jour d'une naissance miracle qui n'aurait peut être jamais dû avoir lieu. Le jour d'une erreur. Une erreur qui a changé la vie de plusieurs personnes mais qui l'auraient sûrement arrangé pour d'autres. Une erreur qui sera arrangée, sûrement bientôt, je ne sais pas. Je l'espère souvent. Pourtant je n'ai pas l'impression de m'être abandonné, au contraire. Je ne me suis jamais perdu. J'ai toujours été fidèle à moi-même, à mes principes. Tant de choses ont parfois perverti mes actions... c'est vrai... mais jamais, il semble, au fond je ne suis passé chez les premiers.
Aujourd'hui, for de cette re-découverte de moi-même, je me dis que l'avenir est peut être derrière moi. Ce jour conclut une profonde réflexion. J'ai retrouvé à la fois cette impression d'étranger parmi les miens, mais également cette sensation d'instabilité, la vision que je ne suis fais que pour attendre, chez les autres, chez moi-même.... attendre ce qui n'arrivera jamais. Je suis peut être voué à la déception. j'ai retrouvé le dégout et l'amour des autres, j'ai retrouvé la négation du moi... l'absence du souci personnel.... puisque de toute façon personne... jamais personne... même la personne qui m'aimera le plus au monde, ne s'en souciera jamais vraiment.
Etrangement, cette sensation donne une grande force. La force du retrait, de l'effacement. Rien ne peut atteindre ce qui n'existe pas. En même temps, j'ai pratiqué cela dans son excès. C'est pathétique. Pathétique parceque ça devient démonstrative d'une souffrance. Or il s'agit d'appliquer l'exemple même de la neutralité. Une neutralité d'abord positive... ensuite expressive et détendue.... enfin apaisante. La froideur dans la gentillesse... le désintérêt dans l'entraide... l'insouciance dans le conseil.... comme une ange qui passe, sans bruit... et ne s'arrête jamais.