VEF Blog

Titre du blog : Et si Amour me veut faire mourrir en aimant..
Auteur : thyrana
Date de création : 21-01-2006
 
posté le 01-12-2009 à 19:17:06

Dame ma plume

 

Ecrire dans ses larmes...

  

S'il était, dame, une plume,

Pour enfin dire mes pensées,

Pour décrire ce que nous fûmes

Et ce qu'à jamais vous serez,

Elle s'épuiserait au premier mot,

De tant d'adresse son doux fardeau,

Elle aurait l'âme du moustique,

La lame vibrant dans ce qu'elle pique

Mais qui s'effondre d'avoir tenté

D'aspirer l'oeuvre dont vous inspirez

La pauvre plume meuble et débile

Sous votre coupe devient agile

Vos yeux scintillent, elle s'agenouille

Pour puiser source qui s'écoule,

Liquide brûlant et Hypnotique,

D'un érotisme parfois tragique,

Exercant l'oeil du graphite,

Trouver le vers où il s'abrite

Pour cacher ce coeur au secours,

Ecrire tempête au grand Amour

La plume seule file son étreinte,

Face à son verbe, aucune contrainte

Aucune nuance et aucun nom,

Le trait s'emballe sans obsession,

L'écrit aligne pourtant l'image

Finit de feindre, votre visage,

Dans un vers, il n'y a qu'une ligne,

Ce sera sa guerre, vos lèvres signent.

S'il était Dame cette plume,

Combien de mains pourraient sentir,

Ces mouvements larges du désir

Qui s'évertuent seul à danser,

Arrondir chaque boucle carré,

Aimer la honte dans son espoir

D'avoir une lettre suivant "ce soir".

Lisser un songe sans harmonie

Et, d'un sonnet sans un récit,

Se suffirait mimant le son,

Lorsqu'elle s'évade à l'abandon,

Rapide rapière retrouvée morte

Sans une blessure la griffure porte

Un hurlement sombre et sans rime

Que le silence, parfait, élime...

S'il n'était Dame ma plume

Aucun parti qui nous résume,

Aucun support où griffonner

Ce verbe quelques fois murmuré,

Si l'écriture fort éloquente

N'avait d'empreintes toujours vacantes

Pour le parchemin de ses rêves,

Point de frontière la douce sève

glisse sans fin sur sa chair fleuve

Pour un bon mot, pouvu qu'il pleuve

Des synonymes, phèmes et lithotes,

la lame s'épuise tant elle trotte,

Continue encore d'écrire demain

De nuit en lui ce grand chagrin,

Du jour au jour jusqu'aux prochaines

Les lettres appellent chaque lettre à peine.

L'idiome versé en ce coeur-lit

Parle un language alors proscrit

Car découvert à l'oraison,

Remplit les gués de dévotion,

Déborde un peu de tout côté,

Finit par recouvrir tout à fait,

Il déverse là, noie et dévore

Tout les méandres qui jusqu'alors

Formaient à la Terre ésemmée

L'histoire des mâles qui l'ont froissé.

Au parchemin n'existe qu'une

Femme brillante au coeur de lune,

Sa chair sacrée, sa laine brune,

Assez robuste pour épouser

Dans l'encre noire, la volupté.

S'il était plume Ma dame

Pour ne trouver cette grande femme,

Elle chercherait, triste misère,

A terminer sa tendre guerre,

A tenir fine sa position

Cassant sa mine de compassion

Croûlant seule sans qu'aucun bras

Ne la retienne lorsqu'elle choira

Et si alors elle devait choir,

Sans se lever, ni s'émouvoir,

Si plus jamais une main l'agite

Elle attendra qu'un temps l'effrite.